Son enfance est marquée par les déménagements (13 entre l’âge de 4 et 14 ans) provoquant chez elle un sentiment profond de perte et d’abandon. En réaction à ce monde dans lequel elle ne trouve pas de repères, elle donne vie dès son plus jeune âge aux objets qui l’entourent, crée des mondes parallèles simples et naïfs propres à l’enfance, qui seront autant de sources d’inspiration pour ses œuvres futures (« Mes Amis Taxidermisés » en 2001, « Mes Amis dans des Boules à Neige » en 2002, « Toi aussi Collectionne les Bunnies » en 2003).
Manywild est née en 1976 à Paris.
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Manywild commence à consigner tout ce qui l’environne à l’âge de 12 ans lorsqu’elle reçoit de sa grand-mère un Hanimex, avec toujours ce besoin vital de tout garder en mémoire.
Après ces dix années, passées en province, durant lesquelles elle écrit des textes et refait le monde au travers de fanzines, Manywild revient en 1991 à Paris où la découverte d’artistes comme Sophie Calle, Cindy Sherman, Jeff Wall, Nan Goldin, Paul MacCarthy, et bien d’autres encore, lui insuffle l’envie de créer, l’inscrivant dans cette mouvance où l’intime devient universel.
Afin d’exploiter cette curiosité, elle décide d’entreprendre des études d’Arts Plastiques à l’université de Paris VIII qu’elle termine en 1998. Elle y développe une esthétique qui nous ramène à une quête de perfectibilité déchue, comme « une Barbie qui se jetterait du quinzième étage ».
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Elle scénographie, par la suite, la crudité de la vie dans ses BD photographiques où des poupées prennent la parole (« Petit conte cruel de la folie ordinaire », « C’est quoi l’amour », «Very Nasty Girls » ) , ou dans la série « Le Nouveau Superman » dans laquelle elle présente sa quête de l’homme idéal.
Manywild a besoin de vivre sa vie comme on fait un film, avec ce souci constant du détail qui toujours la mène à s’essayer à différents médias comme la vidéo (formation du duo « Les Enfants de Cocteau » avec Cédric Moreau en 2006), l'écriture et le chant (entre 2002 et 2005 « Les Perruques Raides » vont sillonner les festivals de Paris et de province), la comédie (elle se met en scène dans nombres de ses travaux), pour ne passer à côté de rien qui pourrait transcrire son émotion et son besoin de dire le monde.
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Curieuse et avide de savoir, Manywild se dit que quitte à travailler pour subvenir à ses créations, « autant tout essayer ». Depuis 1994 à aujourd'hui, elle sera tour à tour agent diététique à l’hôpital, aide- soignante, vendeuse et tireuse en labo photo, couturière, costumière, serveuse, modèle pour des photos, hôtesse, responsable de bar, vendeuse en librairie, photographe de théâtre, assistante photo, photographe de cinéma, comédienne, habilleuse pour YSL, bouchère sur les marchés, barmaid, chef-opératrice, peintre-décoratrice de plateau…
Toutes ces expériences renforceront le ton sans concession de Manywild.
Aujourd’hui, à travers son travail sur les livres-objets, ses diptyques road-movie « Les Petites Filles Modèles », ou sa vision de la religion avec son "Dieu-Carotte", Manywild continue son équarrissage de la réalité comme seule une fille de boucher sait le faire.
Betty Cooper
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De l’anecdotique à l’universel ou Sauvée par le conte.
Mon travail prend sa source dans ma sphère privée (mon entourage, les évènements qui m’arrivent) voire dans ma sphère la plus intime qui me sert de cerveau, où je puise mes espoirs, mes désenchantements, de laquelle je crée un monde parfait (pas dans le sens où tout va pour le mieux, mais dans celui où j’en aurais une emprise omnisciente).
Tout ce qui me touche (au sens propre comme au figuré) me sert de nourriture ; et je passe de la sphère privée à la sphère publique par les mises en scène que je crée en fictionnalisant les éléments qui m’entourent et en tentant de les réinscrire dans une réalité universelle.
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Chaque élément est important si l’on veut scénographier le matériau brut qu’est la vie, sa propre vie et c’est avec une conscience presque extra-lucide que je m’y emploie ; je ne veux rien oublier, ne pas passer à côté des choses aussi infimes soient-elles.
La notion du « Ce qui arrive » est tellement importante pour moi que j’éprouve le besoin quasi-systématique, compulsif, de re-créer ces scènes, ces stills, pour les consigner. Le texte a donc une place très importante : tout est écrit dans les moindres détails avant d’être réalisé.
Le support est aussi primordial : j’utilise différents médias (comme l’objet, la photo, la vidéo, le texte) si cela est nécessaire, mais toujours en symbiose, dans ce qui est de rendre au plus juste l’idée que je veux faire passer, mettre en forme la trace juste.
Mes productions ne se noient pas dans un égocentrisme pur mais s’ouvrent au monde pour y trouver des échos. Grâces à elles (ou à travers elles) je peux me projeter vers les autres, me confronter à eux et me sentir plus proche ; car si tout le monde ne rêve pas éveillé, tout le monde éprouve le même besoin de rêver et l’envie d’écouter des histoires…